​Après mes 4 jours en 4×4, je suis donc retournée à Tupiza. Le tour s’arrête à Uyuni, mais je souhaitais me rendre à Tarija, au sud.
La route entre Uyuni et Tupiza n’existe pas encore, ça n’empêche pas voitures, camions et même bus de circuler, parfois sur des portions sableuses. Mes collègues touristes sont partis de leurs côtés, je suis la seule de ma voiture à repartir, dans l’autre véhicule, Alexandra et Guillaume font le même choix que moi, eux souhaitent se rendre en Argentine.
Nous avons encore traversé des paysages magnifiques, particulièrement sur la fin, un fond de vallée tout vert, entouré de montagnes ocres aux formes improbables.
Le lendemain, je pars pour Tajira. 6h de route de montagne en bus, dont 2h sur du caillou, mais ça n’était pas inconfortable. La ville est célèbre pour son vignoble et ce serait le plus haut vignoble au monde. Malheureusement, impossible pour moi de le goûter. Je souhaitait visiter les alentours, malheureusement le temps ne s’y prête pas. Il y a un observatoire qui a priori vaut le détour, mais il peut…
(Une sculpture en forme de verre à vin, dans laquelle on peut monter)
(Le « château bleu »)
Après 3 jours de promenade en ville, je décide de changer de climat et me rend à Sucre. Je traverse Potosi, célèbre pour ses mines mais j’ai décidé de ne pas m’y arrêter, « l’attraction » locale est de « visiter » une mine pendant que les mineurs travaillent.
(Le bus entre Tajira et Potosi)
À Sucre, l’ambiance est agréable. Il y a beaucoup de façades coloniales, beaucoup de cafés branchés qui pourraient être européens. Mon hostel est sympa, on y rencontre beaucoup de monde. Le marché est génial : des étalages immenses de fruits, de légumes, de bananes, de fromages, jus de fruits frais… Chaque recoin a sa spécialité. Par contre, pour les touristes, la plupart des prix sont multipliés à un point que je n’ai pas rencontré ailleurs.
Le dimanche, nous sommes partis à 5 de l’hostel pour nous rendre au célèbre marché de Tarabuco. Il y a 2 façons de s’y rendre : payer 40 B$ à une agence locale ou faire comme les locaux. Nous avons choisis la deuxième solution. Sur une carte de la ville, figurait l’arrêt recherché : facile ! Ou pas. Arrivés à l’endroit figurant sur la carte, rien. On se renseigne auprès d’une dame qui nous met sur une nouvelle piste, nous demandons un peu plus loin, léger changement de direction… Après 4 demandes, on découvre le lieu recherché ! Le bus coûte 10 B$. Il était à peine 9h lorsque nous avons trouvé l’arrêt et c’était drôle (J’ai trouvé) de chercher cet arrêt de bus qui semblait se déplacer en même temps que nous. Ça n’a pas fait rire tout le monde dans notre petit groupe… Nous sommes arrivés après 1h30 de trajet. Le village est connu pour son marché, il y a beaucoup de magasins pour les touristes avec quelques produits locaux et beaucoup de Chine. Une bonne partie du village est consacré à la vente de produits de tous les jours pour les autochtones. Mon objectif était de trouver un poncho spécifique à la région et après être entrée dans toutes les boutiques du village, j’ai trouvé ce que je cherchais !
De Sucre, j’ai pris un bus de nuit pour Samaipata (En fait, il n’y a que des bus de nuit pour ce trajet). Un trajet mémorable. J’ai fait l’erreur de prendre mon billet au dernier moment, il ne restait que 3 places sur la banquette du fond, j’ai pris le siège au milieu pour avoir de la place pour les jambes. Il n’y a pas d’autoroute en Bolivie et les routes sont payantes. Il y a régulièrement des péages et à chaque péage, une nuée de femmes et d’enfants s’approchent des véhicules en proposant à boire et à manger. Ce peut être des empanadas (chaussons fourrés à la viande mais aussi des plats en sauce : poulet/viande, maïs/riz, patates, le tout servi dans des petits sachets en plastiques genre sac congélation. Il y a même un sachet séparé pour la sauce. Le tout se mange avec les doigts. Sur un autre trajet, les plats étaient servis en barquette avec une cuillère en plastique.
(Le bus, et son message : Jésus, je mets ce voyage entre tes mains…)
Nous sommes partis à 17h30. Vers 21h30 (de mémoire), nous avons fait une pause pour manger. Une cantine dans un bâtiment sommaire, des vendeurs de hamburgers. Et pas de toilettes. Un roulement s’effectue dans les coins sombres. Les rouleaux de PQ se vendent à l’unité dans tout le pays, il est essentiel d’en avoir toujours avec soi.
(La pause repas)
Nous repartons dans la nuit. Impossible de dormir. Il fait chaud, mes voisins squattent largement les accoudoirs, le bus est plus que plein : un homme âgé est assis sur un seau renversé au milieu de l’allée, sa femme est assise par terre, les enfants n’ont pas de sièges attitré, ils partagent les sièges des parents ou dorment par terre. À ma droite, contre la fenêtre, une mamie et son petit fils d’une dizaine d’année sont entassés sur une place et à mes pieds, dort un enfant.
D’un coup, la route devient chaotique : la route n’existe pas ! Le bus ne ralenti pas… Au milieu de la nuit, les engins la creusent, les camions évacuent les gravats, les bus se croisent et se doublent sur ce début de voie en pierre brut. La poussière entre par les fenêtres grandes ouvertes. Je parviens quand même à m’endormir. Vers 2h du matin, le bus s’arrête, les lumières s’allument : pause pipi. Nous sommes garés en bord de route, il y a un autre bus devant nous ainsi que 2 camions. Pas de bloc sanitaire. Là encore, un balai se met en place, à la recherche d’un arbre, un arbuste, un bouquet d’herbes un peu hautes et touffues.
Je n’ai aucune idée de l’heure à laquelle j’arrive, je ne sais pas où on est. Je pense que le bus arrive vers 8h du matin à Santa Cruz et que mon arrêt est 2h avant, donc je devrais arriver vers 6h… À 4h, le bus s’arrête, la lumière s’allume, la porte s’ouvre : on annonce Samaipata !
Je bondis, j’enjambe, je me précipite. Je récupère mon sac à dos et me voilà à Samaipata à 4h du matin. Je trouve une table et des tabourets abrités, je m’installe et patiente en regardant tomber la pluie. Je suis mieux là que dans le bus ! À 8h, je pars vers le centre ville, trouve le marché qui offre des stands servant des petits-déjeuners et la journée commence. C’est une ville sympa, elle est connue pour les nombreux hippies gringos qui s’y sont installés, ils ont ouvert cafés, restaurants, boutiques d’artisanat, ont créé des emplois et attirent des touristes. La ville est du coup plutôt prospère.
(Photo de Samaipata, où l’on ne voit pas qu’il y fait bon vivre, mais je n’ai pas mieux)
De Samaipata, on peut aller au parc Amboró, mais pas sans guide. Il circule des légendes de touristes qui se perdent dans la jungle, dont un couple de français que l’on aurait jamais retrouvé… Cocorico, on a gagné… la palme des touristes les moins prudents (pour être polie).
Avec Ninna, une suisse-italienne qui voyage seule aussi, on décide de partir 1 journée avec Tucandera Tour. On choisis le parcours « Laguna volcanes », un couple franco suisse nous accompagne ce qui nous arrange parce que du coup, la journée est moins chère. Notre guide est une femme du coin, très sympa, passionnée, qui nous explique les plantes médicinales, les fruits, les insectes, les oiseaux…
(Notre guide qui fait l’avion et Nina sur le rocher)
Malheureusement, nous n’avons pas vu de singe, ni de condor. Mais nous avons vu beaucoup de vautours, un aigle, des toucans… Après être monté sur une petite montagne avec vu sur le « coude des Andes » (nom de la cordillère à cet endroit), nous sommes descendus au bord du ruisseau, que nous avons traversé plusieurs fois nus pieds. Pour ne pas se déchausser à chaque fois, nous avons marché nus pieds dans la forêts. C’était super sympa !
L’autre attraction à Samaipata, c’est « El Fuerte ». Son nom est trompeur, ce n’est pas un fort mais plutôt un lieu de culte, il date d’avant les Incas est n’est pas construit mais sculpté. Il est à 10kms du village, il n’y a pas de chemin pour y aller à pied, seulement la route et il est en hauteur. Et le temps était à la pluie. J’ai donc abandonné l’option d’y aller à pied; par taxi collectif, c’est 50 l’aller + 50 le retour, que j’ai trouvé trop cher par rapport au reste des activités dans le pays. La troisième option que j’ai choisie : la moto-taxi ! 50 aller+retour, et le plaisir de faire un peu de moto, parfait en somme.
(El Fuerte, qui n’est pas un fort, et donc qui est sculpté. C’était à priori un lieu de culte)